Ron Dennis

Britannique, né le 1er juin 1947.

Dennis est un gestionnaire autodidacte ainsi qu'un redoutable négociateur, tant avec les commanditaires qu'avec les partenaires techniques, ainsi que les hauts dignitaires de la F1.
Grâce à ses qualités, il a su négocier le virage financier que la Formule 1 a effectué dans les années 80.
Sûr de lui, parfois arrogant, Ron Dennis ne craint guère d'opposer de fortes personnalités au sein de son équipe (Prost - Lauda, Prost - Senna), et cela a donné de bons résultats.
Ron Dennis instaure un système très efficace basé sur le fait que personne n'est irremplaçable.

Ancien mécanicien de Jochen Rindt chez Cooper, puis chez Brabham.
Ronald Dennis, est un homme terriblement ambitieux et tenace qui se jura un jour de 1970 qu'il deviendrait lui aussi patron d'écurie.

Son rêve se réalise l'année suivante où il fonde l'écurie de F2 Rundel Racing avec Neil Trudel et où courront Graham Hill, Bob Wollek et Tim Schenken.
Dans sa nomenclature toute personnelle Dennis la comptabilise comme le Project One. Le Project two sera l'écurie Motul de F2 en 1972.

A ce moment la, Ron se sent prêt pour le grand saut et demande à Ray Jessop de concevoir les plans d'une Motul F1.
Malheureusement la crise pétrolière l'année suivante va effrayer les sponsors de 1 écurie et Ron Dennis devra se retirer de 1 affaire.
Jessop portera alors ses plans a Tony Vlassopoulo et Ken Grob qui sortiront tout naturellement en l974 la Token F1.
En l975 Ron aligne des March 752 sous le nom de Project Three et en 77 nait le projet Four.
Deux Ralt BMW F2, sont engagées pour le Brésilien Ingo Hoffman et l'Italo-américain Eddie Cheever.

En 1979, Dennis est sur tous les fronts :
F3 avec Stefan Johansson qui devient champion d'Angleterre.
F2 avec les March de Derek Daly et Stephen South qui courent dans le championnat d'Europe.
Parallèlement, l'ambitieux patron a déjà un pied en F1 de façon indirecte :
Bernie Ecelestone organise en lever de rideau des Grands Prix des courses de BMW Ml baptisées "Série Procar".
Marlboro confie une de ces autos à Ron Dennis qui installe au volant Niki Lauda, qu'il aura tout le loisir d'observer de près.

Mais Ron lorgne aussi du coté des stands de Formule 1 et son œil affûté se pose sur l'écurie McLaren en piteux état.
I1 propose, appuyé par Marlhoro une association a Teddv Mayer.
Celui ci refuse catégoriquement mais lorsqu'un an plus tard le cigaretier sponsor de l'écurie "conseille" vivement a Teddy d'accepter l'offre de Ron, l'Américain n'a plus le choix.

C'est qu'entre-temps, Ron avait réexaminé l'étude d une écurie de Fl et avait songé à débaucher des gens comme Gordon Murray ou Patrick Head au poste d'ingénieur en chef.
Devant le refus des deux précités, Dennis se tourne alors vers John Barnard qui travaillait chez Chaparral aux Etats Unis dans le championnat USAC.
Après avoir débuté au début des années soixante dix dans l'écurie McLaren sous les ordres de Gordon Coppuck, Barnard avait étudié de façon approfondie l'emploi de la fibre de carbone et en était arrivé à la conclusion que ce matériau léger et résistant conviendrait bien mieux que l'aluminium aux chassis des wing cars soumis a des contraintes physiques énormes.
Il n'accepta l'offre de Ron Dennis qu'à la seule condition de pouvoir construire le nouveau chassis entièrement en fibre de carbone.
Pari risqué car cette matière était encore assez mal connue et son maniement réserverait des surprises.
Mais Ron n'est pas homme à reculer devant la difficulté et lorsqu'il présentera le projet abouti aux gens de Malboro la réorganisation de l'écurie McLaren pouvait commencer.

Le 1er novembre 1980. l'accord est officiellement scellé John Barnard prend le poste d'ingénieur en chef et Tyler Alexander celui de directeur des programmes d'essai, quant à Teddy Mayer, il devient l'associé de Ron Dennis. Mayer s'occupera plus précisément de la partie administrative et comptable et héritera du titre pompeux de président de McLaren International.
Dennis se réserve les liens avec les sponsors, le développement de la nouvelle monocoque en carbone et les projets a long terme, comme la quête d'un motoriste turbo par exemple.

1981 : La renaissance de l'écurie McLaren.
La nouvelle création de John Barnard fut présentée a la presse en mars I981, dénommée MP4/1 (contraction de Marlboro et Project Four), elle étonna d'entrée.
Très fluide, avec un nez en bec de canard, qui restera longtemps la marque de fabrique de Barnard, c'est surtout par sa qualité de fabrication qu'elle surprit.
John Watson gagne son 1er Grand Prix à Silverstone et deux 2e place et une 3e place.
La première victoire d'une McLaren depuis 1977 !

1982 : Ron Dennis, comme tous ses confrères de la FOCA, savait pertinemment qu'il fallait trouver un moteur turbo rapidement et il pensa aux gens de chez Porsche qui maîtrisaient parfaitement cette technologie depuis des années.
Mais il faudrait se montrer persuasif : la marque de Stuttgart était connue pour sa passion plus que modérée pour la F1, et après quelques premiers contacts, il s'avérait qu'effectivement les Allemands n'étaient pas prêts à dépenser des Millions de Marks pour une discipline qui ne les inspirait guère.
Ron Dennis va alors sortir tout son immense talent de négociateur et d'organisateur pour arriver à ses fins. Cela passait par

• un financement extérieur, et il contacta la firme Techniques d'Avant Garde dirigée par le milliardaire saoudien Akram Ojjeh, représenté par son fils Mansour.
  Dennis proposa à Mansour Ojjeh une participation dans le capital de McLaren.
• l'appui d'un interlocuteur germanique.
  Pour l'avoir bien connu du temps des Procar Ron alla chercher Niki Lauda qui s'était retiré des circuits fin 79.
  L'Autrichien se dit prêt à reprendre du service et après un essai secret et concluant sur la piste de Donington en septembre, posa des conditions draconienne.
  Malgré ses deux ans d'inactivité automobile, sa popularité était intacte et valait, selon lui, 2 millions de dollars. Pour les courses, il ne demandait qu'un tout petit dollar. Dennis dut certainement ravaler sa salive plusieurs fois mais il avait trop besoin de Lauda pour convaincre Porsche.
  Ce mirifique contrat sera d'ailleurs à l'origine de la flambée ultérieure des prix en Fl.

Extrait de "La Grande encyclopédie de la Formule 1" de P.Ménard.